Album : Chienlit Générale
(Joe)
A la Coupole sous cette coupole un soir de mai à se regarder, Nous avons quelque chose de pas très banal dans cette cité triste à crever. Deux serveurs s'éprenant pour des fachos pour passer le temps Car il n'y a rien de mieux à faire mais de plus chiant que de passer le temps. Dans un bus de leur pays tous ces fachos étaient venus Venus en France ou revenus pour boire du Champagne qu'ils ont bien bu. Tous ces touristes de tout âge, de toutes générations confondues Venus en France ou revenus dans cette France qu'ils ont tant déçue. A l'entrée de cette Coupole comme un incertain printemps Le rire aux lèvres, les yeux reflétant ce dur temps Où nous étions tous comme maintenant que des enfants, que des perdants. Mais tout ça c'est du passé dépassé par leurs pensées. Tous en chœur fachos et serveurs semblaient chanter à l'unisson, Cette chanson qui fût la leur à l'heure de leur grandeur. Tous en cœur, plus de rancune, plus fort, plus d'amertume. Tout oublier en cette soirée, en cette soirée d'un putain mois de mai. Etonnés puis fascinés par tous ces regards, par toutes ces paroles, Les deux serveurs ont semblé retrouver une autre forme de vie privée Que celle qui règne dans leur quartier toujours bien noire toujours bien bronzée. Puis au passage d'une frontière, leurs visages se crispèrent Lorsqu'ils se rendirent compte que tous revêtaient l'uniforme gris vert Et que le conducteur n'était autre qu'Adolf Hitler. N'oubliez jamais cette journée de trente-trois N'oubliez jamais tout le mal qu'ils nous ont fait.